Une lumière vive, familière mais différente, comme dans un rêve. Seules les longues branches des arbres de la rue tamisaient ce soleil franc, projetant au sol un parterre de petites taches impressionnistes et mouvantes. L’air de ce matin était encore frais et relativement sec, idéal pour une longue marche, mais je savais que ce temps ne durerait pas et que la moiteur de la vallée se tenait en embuscade dans les canaux et les étangs de la ville, bientôt prête à jaillir par effluves dans les différents quartiers pour écraser les habitants. Je humai tout de même cet air printanier, avec une certaine forme de délectation soulagée. Quelques voitures glissaient de temps en temps, et le brimbalement discret d’un tramway me doubla sur la droite, derrière les maisonnettes rangées dans leur jardinet ombragé. Le voyage avait été long, et je l’avais vécu dans une sorte de coton, comme si mon esprit s’était auto-anesthésié afin d’éviter de subir la longueur fastidieuse de ce trajet.  promenade